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Réflexions sur la fabrique d’une web radio

01 / 07 / 2016 | Marie-Cécile Michallet

Désireux de travailler sur la mise en place d’une web radio dans leurs établissements, Thomas Bréant et Tom Da Fonseca de l’académie de Nice et Marie-Cécile Michallet de l’académie de Créteil ont échangé pour élaborer un texte réflexif sur les capacités mises en jeu par les élèves à lire, écrire et publier sur différents supports, les méthodologies et les accompagnements techniques nécessaires à ces apprentissages.

Description des projets sur l’académie de Nice

Description du projet au collège Marie Curie (La-Seyne-Sur-Mer) : Radio Marie Curie

Le travail autour de la radio se fait avec deux groupes différents, toujours au CDI. Le premier groupe a été constitué à l’intérieur du CVC (Conseil de Vie Collégienne), dans le cadre d’une action de lutte contre le harcèlement. Les élèves du conseil ayant suivi une formation pour devenir “ambassadeurs harcèlement” nous mettons en valeur ce travail en montant une émission de radio où certains élèves endossent le rôle d’une équipe de journaliste, qui interviewent les ambassadeurs sur leur rôle et ce qu’ils ont appris en formation. Cela permet à la fois de valoriser l’investissement de ces élèves dans la vie de l’établissement, de promouvoir leur action, mais cela permet également un travail sur les codes et la forme du média radio.

Un second groupe d’élèves travaille sur la création de capsules radio dans le cadre de la progression en éducation aux médias et à l’information en 6e. A raison d’une heure toutes les deux semaines en demi groupe, cette progression débouche obligatoirement sur une production média donnant aux élèves l’occasion d’aborder toutes les étapes du travail journalistique, une classe travaille donc sur le média radio.

Description du projet au collège de la Marquisanne (Toulon) : création de capsules radio pour participer à un projet en lien avec une radio associative locale

 Contexte : Dans le cadre d’une inclusion scolaire de trois groupes d’élèves répartis sur trois trimestres (sur 9 semaines à chaque fois), nous avons travaillé sur l’Education aux Média à raison de deux heures hebdomadaires. L’objectif global est de montrer la notion de construction de l’information et de créer soi-même un média. En commençant par la découverte de la pluralité de la presse française, nous nous sommes basés sur des informations (sélectionnées en amont) pour tenter de fabriquer une capsule radio. Ces capsules permettaient d’alimenter un projet plus général au sein du collège : le club radio en lien avec Radio Active, une radio locale. Paroles d’école est l’émission proposée au titre du collège par Claude Manchet , professeur des écoles, qui intervient pour animer le club. Nous avons thématisé les travaux : un groupe a travaillé sur la COP21 et le développement durable et les autres groupes sur le sport et l’euro 2016.

 Qui ? : Les élèves sont des adolescents en difficulté scolaire. Ils sont sélectionnés par les équipes pédagogiques pour intégrer durant 9 semaines une classe dite “SAS” avec un emploi du temps spécifique (incluant toutes les matières). Passé ce temps, ils réintègrent leurs classes sous condition d’amélioration de leur résultats scolaires ou de leurs comportements. Nous avons eu deux groupes de 6 à 8 élèves sur l’année. Dans ce projet, on veut remettre de la motivation et de l’engagement pour ces élèves décrocheurs en utilisant le support radio. Surtout, leur permettre de travailler l’écriture d’une autre façon est l’objectif pédagogique principal.

Description du projet au lycée Jean Renoir : La fabrique d’une web radio

Le projet a été mené dans le cadre d’un dispositif PEM.

A raison de deux heures hebdomadaires, de septembre à mars, les 24 élèves d’une classe de 1ère Mercatique ont participé au projet PEM Radio.
La découverte de ce média a été l’occasion de mettre en œuvre à la fois des activités d’analyse et des activités de production (réalisation de chroniques radio, émissions radio, publication en ligne).
Ce fut aussi un moyen pour aborder le contenu des thématiques "dessins de presse" et "les relations Filles-Garçons" sous différents angles et au travers des supports de l’écrit et du son.
La coordination est assurée par quatre enseignants, deux professeurs documentalistes, une enseignante de lettres et une enseignante d’éco-droit.
De septembre à décembre, les trois premières séances se sont déroulées en classe entière au CDI avec trois enseignants . Il s’est agit de mettre en place les outils d’échanges que nous utiliserions avec les élèves, boite mail de la classe et types de documents collaboratifs.
Le premier objectif a été de préparer la participation à la conférence du 21 septembre au CESE. Puis à partir du 29 septembre, une autre répartition à été nécessaire pour pouvoir accompagner les élèves dans la pratique du montage. Pendant que des ateliers d’écriture se déroulés en classe avec l’enseignante de lettres, 8 élèves sont venus à tour de rôle au CDI pour réaliser le montage des interviews des dessinateurs de presse. L’exercice consistait à faire monter la même interview au moins par deux groupes car il s’agissait de mettre en évidence l’importance des choix du monteur.
Après une écoute collective les élèves votaient pour le montage qui leur semblait le plus abouti.
Au retour des vacances de Toussaint la plateforme à été créée et les élèves ont commencé à intégrer leur premiers podcasts.

Par groupes de 6, ils avaient chacun un rôle technique : intégration du logo et du jingle de la radio, création d’image pour illustrer les podcasts, intégration des interviews et écriture pour chacune d’elle d’un court article de présentation.
En décembre, les élèves ont travaillé à l’élaboration d’un questionnaire sur les relations filles-garçons pour ensuite interviewer leurs camardes dans le lycée.
Le second trimestre s’est déroulé de la façon suivante :
de janvier à mars :il y a eu quatre semaines d’atelier avec l’association RAJE avec des premiers enregistrement pour essai de voix avec un studio mobile, puis enregistrement des différentes chroniques et des habillages sonores pour arriver à la production d’une tranche horaire.
Pour écouter les sons des élèves :Pem Radio JR
Les séances pédagogiques nous ont permis de construire une réflexion mutuelle sur les pratiques autour de la web radio. D’une part, dans les activités développées en classe, nous avons pu constater l’émergence de compétences qui se rapprochent de la notion de translittératie. D’autre part, nous avons pu dégager une méthodologie pour réussir un projet autour de la web radio : intégrer la technique et favoriser l’apprentissage collaboratif.

1- Lire, écrire, publier dans les activités de création d’une web radio : un geste translittératique ?

Au fur et à mesure de nos progressions, nous avons observé un double phénomène. D’abord, ils arrivaient à travailler en créant des méthodes qui leurs étaient propres, soit à travers des expériences passées ou soit par intuitions. Par la suite, il nous est apparu que, au-delà des capacités à écrire, ils arrivaient à passer d’un support à un autre en intégrant les spécificités propres à chaque média : presse, télévision, radio… etc. Cette habitude semblait dépasser la littératie médiatique.
Nous avons donc établi un lien vers la notion de translittératie pour tenter de comprendre ce qu’il se passait sous nos yeux.

1-1 Pourquoi se référer à ce concept pour les activités de web radio ?

La translittératie est « l’habileté à lire, écrire et interagir par le biais d’une variété de plates-formes, d’outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passant par l’écriture manuscrite, l’édition, la télé, la radio et le cinéma, jusqu’aux réseaux sociaux »
(Sue Thomas).

Extrait de : Aline Bousquet l EMI à la translittératie : sortir de notre littératie ? 17 juin 2015
http://docpourdocs.fr/spip.php?article563

En relisant cette définition, nous observons que les activités développées autour de la web radio rejoignent un bon nombre points :

 ”Habilté à lire, écrire” : rédiger un sujet journalistique sur un thème donné
 “Maîtriser les codes formels propres aux différents médias”.
 ”Une variété de plateformes” : réseaux scolaires, espace personnel, Youtube, Facebook
 “d’outils” : téléphone portable, micro, traitement de texte, Madmagz, Audacity
 ”Moyen de communication” : SMS Plateformes collaboratives, messageries...

L’utilisation de plusieurs supports (médiatiques et informatiques) dans les projets développés nous amène à reconsidérer l’angle “EMI” de nos séances pour glisser vers la notion de “translittératie”, plus proche des comportements observés en classe. En effet, sous couvert de travailler sur l’écriture journalistique, la construction de l’information ou la pluralité des formes médiatiques, nous avons mis à jour des compétences plus transversales.

1-2 Émergence de comportements imprévus dans les activités de recherche et d’écriture

Importance du téléphone portable comme outil multimédia :
Au départ, nous avons voulu utiliser les outils disponibles au collège (Scribe, clef USB, micro, console de mixage, Audacity.. etc). Or, l’usage du téléphone portable a été d’un grand secours et semblait pertinente dans bien des propositions de la part des élèves :

Pour la gestion des données utiles aux séances :
Par exemple, pour l’enregistrement des capsules en dehors des cours, ils ont pu amener les matériaux sonores afin de les retravailler en cours. De plus, ils ont parfois utilisé la fonction “photographie” pour sauvegarder les cours afin de s”y référer par la suite : le bilan des séances se faisant collectivement au tableau. L’utilisation de l’image pour la rédaction est très intéressante pour les activités de réécriture.

Par exemple, cette photo est le résultat d’un exercice en classe sur les types de médias : elle a été utilisée par les élèves comme référence sur plusieurs séances de recherche.

Pour le travail en groupe :
Ils ont dû parfois quitter le cours pour réaliser des interviews dans le collège et ont pu nous communiquer l’avancée de la situation par SMS. De la même manière, ils ont trouvé plus simple de partager des extraits par Blutooth pour avancer sur leurs travaux plus tard. Il est nécessaire d’intégrer ces comportements collaboratifs dans la méthodologie (voir partie 2-3) car ils amènent des compétences supplémentaires.

On peut comprendre ses usages scolaires nouveaux : la puissance technique du téléphone permet d’intégrer tous les types de médias et de les partager voire de les enrichir collectivement en vue d’une restitution.

Intégration des réseaux sociaux :
En utilisant la fonction “collaboration” de Madmagz, je voulais partager le lien sur leur session avec un document Word sous clef USB pour aller plus vite. Or, cette procédure s’est révélée bien peu pratique.
En discutant avec eux, je me suis aperçu qu’ils trouvaient plus facile de communiquer le lien du magazine sur les réseaux sociaux pour ouvrir le document commun. De même, les supports partagés en classe étaient rediffusés sur les plates-formes personnelles des élèves (du PC en passant par le Smartphone). L’avantage de ces réseaux sociaux est de pouvoir lire et ouvrir bien des formats existants.
Exemple de production

Facilité pour passer d’une vidéo à l’écriture :
Dans l’exploitation de l’information, les activités d’écriture étaient favorisées par le type de supports utilisés en classe. En effet, ils étaient plus à l’aise après le visionnage d’un extrait de reportage (ou l’analyse d’un film) qu’après la lecture collective d’un article de presse. Par exemple, les vidéos de C’est pas sorcier sur l’EDD vues en classes étaient réinvesties pour la rédaction du Madmagz. Pour ces élèves, il semble que partir d’un message vidéo et le retranscrire leurs sont plus aisés que partir d’un support écrit (presse ou Web). D’ailleurs, le passage de la création d’un Madmagz (écrit) à la rédaction des capsules radio n’a pas fonctionné pour les élèves de la Marquisanne (voir aussi 1-3 et 2-3 sur l’engagement en radio).

On a une sorte de “va et vient” entre :
Vidéos en classe → écrit collectif au tableau→ rappel/sauvegarde par l’image → rédaction finale
Le tout communique via des plates-formes comme les réseaux sociaux ou des outils comme le téléphone portable.

1-3 Construire l’émission de radio : Faire émerger et adapter les codes médiatiques .

Nous pouvons nous appuyer sur leurs appétences envers le format vidéo (revoir 1-2) pour travailler les codes journalistiques. La stratégie peut se traduire : s’appuyer sur la littératie médiatique pour écrire sur plusieurs supports.
En effet, à la présentation du projet de la création d’émissions radio, les élèves ont montré peu d’enthousiasme et il a été difficile d’activer des connaissances sur le sujet. Il s’est alors révélé utile de faire référence à la télévision. S’appuyer sur ce média a permis de faire émerger un certain nombre de codes acquis de manière inconsciente par les élèves. Tout le travail a été de faire émerger ces codes, les rendre conscients pour les ré-exploiter dans le contexte de la radio.

Étape 1 : Activation des codes.

Dans le cas de notre séance il s’agissait de simuler un plateau radio autour du harcèlement, avec interview de spécialistes et de témoins. On peut leur faire construire l’émission radio de A à Z en s’appuyant sur ce qu’ils ont déjà vu à la TV.
“Lorsque vous regardez une émission à la télévision, quel est le rôle des différentes personnes à l’écran”
On fait alors émerger des notions comme : Présentateur, chroniqueur, envoyé spécial.
A partir de là, ils peuvent reconstruire le déroulé d’une émission : Générique, Annonce des titres, présentation des journalistes, présentation des invités etc.

Étape 2 : Transformation des informations, spécificité des médias.

Afin de rendre totalement consciente la fonction de ces codes, un travail sur les formes de l’information est nécessaire. En effet, lors de la reprise des élèves de ces codes pour l’écriture de leur émission, ils ont eu tendance à ne pas prendre en compte les spécificités de la radio. Nous avons donc travaillé sur les formes de l’information en fonction du média, aboutissant au tableau suivant.

Cette mise au point permet, pour l’étape suivante, l’adaptation des codes de la télévision au média radio.

Étape 3 : Construction / Écriture de l’émission

A partir de ce travail en amont, les élèves peuvent ainsi, construire eux-mêmes l’émission de bout en bout. Ils travaillent sur les rôles, le déroulé et écrivent le texte en utilisant des amorces qu’ils adaptent au média (en prenant en compte l’absence d’image dans le média radio), réutilisent les éléments de langages dont ils ont compris la fonction grâce au travail précédent.
Si les idées ne viennent pas d’elles-mêmes, il est possible de leur diffuser des extraits d’émissions : présentation, interview...etc. On obtient un déroulé complet (mettre en P.J le déroulé du groupe Harcèlement)

De manière générale on constate une nécessité de rappeler aux élèves la notion de réception. Ils ont tendance à perdre de vue que ce qu’ils enregistrent doit être compris par des auditeurs éventuels.
Nous avons pu nous rendre compte que ces élèves arrivaient à passer d’un type de média à un autre sans trop de difficultés cognitives. Un réinvestissement de ces capacités peut faciliter l’écriture dans le registre journalistique.
Néanmoins, la création d’un son engage son propre corps à travers sa voix. Cela a mis les élèves de REP+ en difficulté voire en refus de participer. Ce n’est pas si anodin de mettre en avant sa voix et pour la plupart, c’est le premier rapport scolaire à l’oral. La prise en compte de cet engagement dans la construction des séances peut résoudre ce problème (voir partie 2-3).

Résultat ou reflet de la convergence des systèmes médiatiques et de la disponibilité matérielle dans les établissements scolaires, les élèves ont de plus en plus d’attirance vers les supports transmédiatiques. Parfois, il ont dû mal à comprendre pourquoi on se contente d’un format unique. Nous rejoignons les interrogations d’Aline Bousquet (1) et d’Anne Cordier et Vincent Liquète (2). D’une D’une part, certaines compétences translittératiques des élèves nous interrogent sur la notion d’EMI et de littératie médiatique. D’autre part, cela nous force à repenser les organisations scolaires pour les activités pédagogiques au CDI.
C’est pourquoi, il est utile d’intégrer ces comportements afin de faire progresser les élèves sur la connaissance des médias. Nous allons voir comment ce contexte d’apprentissage est favorable pour d’améliorer leurs compétences techniques et leurs capacités à travailler en équipe dans une deuxième partie.

2- Quelles méthodes pour mettre en place des apprentissages techniques et collaboratifs ?
Développer une pratique de la radio à pour but d’amener les élèves à :

Utiliser le téléphone portable dans une situation pédagogique
Apprendre à utiliser les outils numériques qui permettent de découvrir les nouveaux moyens de communication.
Appréhender la construction de l’information.
Savoir transformer l’information en connaissance. Énonciation, appropriation, reformulation, transformation.
Travailler en équipe pour aboutir à une interaction des acteurs pour une émission, pour une production co-construite.

2.1 - Quelle organisation de travail ?

Fixer un objectif
Comment penser, identifier et alterner les nécessaires situations de travail en équipe et des situations de travail plus individuelles ?
Cette question de l’organisation du travail est réfléchie en commun du côté des enseignants. Ce point est d’autant plus important à formaliser que les situations de travail en équipe ne sont pas très répandues en lycée.
En amont du projet, la réflexion commune aboutie à une finalité partagée : comment par le biais du médias radio rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages ?

Construire une programmation
Puis, il a été nécessaire de formaliser une progression qui prenne en compte le rôle de chacun dans les contenus à délivrer :
 Des temps répartis en Lettres, en éco-droit et en info-com : où le travail se fait en binômes dans les ateliers d’écriture, d’analyse de documents, de recherche doc, de montage et de publication au CDI.
 Des temps de regroupement où le travail en commun est nécessaire. Comme par exemple, le lancement de la 1ère séance : mise en place des outils d’échange et présentation orale des élèves. Les restitutions orales de travaux de recherche sur les dessinateurs de presse en amont de la sortie, les écoutes des interviews réalisées in situ pour une analyse critique et un feedback formateur.

  • Alterner les temps

Dans le déroulé des séances avec les élèves, il convient donc d’alterner différents temps d’apprentissages, des temps de retours réflexif en commun pour favoriser les échanges et la collaboration et des temps d’appropriation individuelle pour transformer les connaissances en savoirs, pour favoriser la pratique et développer l’expérience dans la maîtrise des outils.
Ces temps sont tronçonnés entre eux dans des séances et des salles différentes. Ils peuvent aussi se dérouler dans un même lieu et dans une même séance mais, dans ce cas de figure, l’organisation de l’espace est importante.

  • Travailler en îlots
    Il convient en effet de pouvoir disposer de lieux contigus dans lesquels les ateliers sont organisés en îlots.
    Un îlot pour le travail en binôme par exemple rédiger des questions pour un micro trottoir
    Un îlot pour permettre le travail individuel, par exemple réaliser un montage, des enregistrements sonores ou des exercices de prononciation.
    Un îlot pour les temps d’échanges collectifs par exemple écoute de jingle, écoute d’une tranche horaire, d’une chronique.

2.2 -Acquérir une méthodologie pour développer la connaissance d’un sujet

La connaissance des sujets "dessins de presse" et "relations Filles-Garçons" se fait en interdisciplinarité. En effet, le thème apparaît comme un thème transversal pour travailler en interdisciplinarité et mettre en œuvre des compétences spécifiques à chaque discipline.

L’ interaction de plusieurs champs des connaissances entre alors en jeu pour permettre la résolution d’une question sous des différents angles. Ainsi les questions : "Pourquoi faire des dessins de presse ?" ; "Existe t-il des inégalités entre les hommes et les femmes" seront traitées dans les différents domaines des lettres, éco-droit et info-communication. Chaque domaine apporte une méthodologie propre permettant la compréhension du sujet.

  • En Lettres, la participation au projet PEM avec une thématique Egalité filles-garçons a permis au professeur, Edmée Pesnot, d’introduire la réflexion sur la place de la femme dans la société et de l’associer à une découverte chronologique des textes littéraires.

Le travail a débuté par la lecture de textes dont l’objectif était de donner à tous une culture commune sur le thème et de susciter des pistes de réflexion :

Approche chronologique du thème dans les textes littéraires : la place de la femme au XVIIeme siècle, dans L’Ecole des femmes de Molière ; l’affirmation au XVIIIeme siècle, chez Olympe de Gouges et sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » ; son émancipation au XIXeme et XXeme siècles (George Sand, Driss Chraïbi, La Civilisation, ma mère !).

À partir d’un travail sur la bande dessinée partir du constat que les femmes ont peu de place dans la bd et repérer les stéréotypes des représentations.

Tout au long de l’année, il s’agit de développer l’appropriation des techniques d’écriture, en amont de la rédaction des chroniques radiophoniques et pendant le travail de rédaction : comment associer précision des informations, concision et comment organiser son propos.
Les élèves ont commencé par rechercher des informations sur le thème sur Internet. Le but était de sélectionner des informations brèves afin d’éviter les copier-coller d’extraits longs et peu radiophoniques. Il fallait rédiger des phrases courtes et accrocheuses, en évitant une syntaxe trop « écrite ». Il était nécessaire aussi de construire son propos : développer en définissant des angles d’approche des thèmes choisis (exemple sur le thème de l’éducation genrée : premier angle, les jouets ; deuxième, le sport ; troisième, le choix des filières au lycée) ; apporter des exemples ; introduire et conclure son propos ; gérer les articulations. Ce travail suppose donc des phases de réécriture nombreuses.

En aval, avant d’utiliser la forme de la chronique pour l’enregistrement, des exercices de rédaction sur le modèle de la chronique ont été menés.
Par exemple, le format de la chronique sur un autre thème a été repris pour rendre compte de l’exposition visitée par les élèves, consacrée au photographe Philippe Halsman. Ce travail a permis de vérifier que les élèves ont compris les techniques de rédaction, se sont appropriés les méthodes ; il maintient aussi le lien avec le travail à venir.

La partie du travail consacrée à l’oralisation s’avère intéressante pour travailler la prononciation, l’élocution, un travail formateur pour la préparation de l’oral du bac de français. S’enregistrer permet de se réécouter et de vérifier qu’on colle à l’exercice demandé et s’inscrit dans une démarche formative (droit à l’erreur, permet de reprendre, de s’améliorer).

  • En recherche de l’information
    Avant de pouvoir écrire une chronique documentée et étayée par des chiffres, il est nécessaire de rechercher des informations.
    L’activité radio permet d’une part, de confronter les élèves à ce travail de recherche et d’autre part va les obliger lors l’écriture de la chronique à organiser les connaissances pour une restitution claire à l’auditorat.

Autrement dit, cette activité radio, en plaçant les élèves dans la situation de petits reporters, les amènent à se poser des questions sur la nature des sources informationnelles. Et, l’accompagnement des professeurs documentalistes dans ce questionnement des sources constitue le coeur de leur métier.
Avant de sélectionner une information, il convient de se poser la question : comment je l’évalue ?
Par exemple, les chroniqueurs, après qu’ils aient défini l’angle de leur sujet avaient pour mission de rechercher trois idées principales pour la chronique. Et, chaque idée devait être développée avec des chiffres à l’appui, des statistiques, des dates, des évènements, des déclarations pouvant enrichir la chronique. Il s’est alors agit pour les professeurs documentalistes d’amener les élèves à formaliser les critères qui permettraient de dire si les données sont justes et vraies c’est-à-dire fiables.

Autrement dit se poser les questions suivantes : Qui parle ? D’où viennent les chiffres utilisés ? Quels sont les sites fiables qui produisent des données chiffrées en France ?
Cette pratique du questionnement leur permet d’acquérir des réflexes dans la consultation et la lecture de documents qui est utile pour tous leurs travaux futurs.

Avant la phase finale de la mise en forme il y a l’étape de récupération des informations pour les reformuler. Comment récupérer l’essentiel ? Lire le document source et sélectionner les informations.
Nous avons choisi de mettre en pratique de la technique du document de collecte (3) avec la consigne de récupérer de courts extraits et de les copier-coller.
Il reste ensuite le travail de la mise en forme de la chronique, le format est court et la première phrase d’accroche percutante. Travail que l’enseignante de Lettres a nommé l’appropriation des techniques d’écriture.

2.3 - Développer la collaboration par l’engagement

Pour les élèves, le travail en équipe est un processus qui demande du temps. Il s’agit de les amener à la pratique de la collaboration au fur et à mesure. La première étape est de les rendre actifs. C’est la technique du "apprendre en faisant" ou du "doing by learning".
Nous avons essayé de rendre possible l’engagement en utilisant différents biais. Par exemple en nous appuyant sur l’expertise technique de certains élèves, en proposant un travail de fabrication individuel et de création collective et en demandant un engagement de soi.
C’est pourquoi, une des premières mise en activité à été de réaliser une présentation de soi avec son téléphone portable avec la consigne de dire "Qui je suis, qu’est-ce que je fais, et d’où je parle (Qui, quoi, où )". Ensuite, il fallait envoyer l’enregistrement au format MP3 par mail sur la boite de la classe radio.
Engagement de soi par la voix et engagement de soi par la construction. Il s’agissait de faire en sorte que les élèves soient actifs lors la participation au colloque "le dessin de presse dans tous ces états". Puis ensuite l’action a consisté à s’impliquer dans un travail de fabrication et de création.
Une fois passé le temps de l’appropriation des outils les élèves fabriquent et construisent leur propre formats médiatiques. (voir partie 1-3)
La création collective est rendue possible par l’utilisation des outils permettant une écriture à plusieurs sur un espace partagé et aussi par la co-construction de la plateforme de diffusion.

Pour résumer, la dimension sociale dans les activités cognitives sont utilisées comme levier pour créer de l’interaction individu-tâche-alter (4).

Ce temps du faire a été techniquement accompagné par les prof-doc. Il met en oeuvre des dispositifs numériques de fabrication, de publication et de mise en circulation des contenus médiatiques pour :

produire des écritures multiples : textes, sons, images , hyperliens
assembler différents types d’écriture : les différents formats d’écriture radiophonique : chronique, micro-trottoirs, billets....)
publier ces écritures multiples (sons- images) et plurielles sur une même plateforme

Afin d’évaluer cette mise en oeuvre méthodologique, nous avons identifiés certaines capacités indispensables à acquérir par les élèves
La grille ci-dessous liste 5 compétences qui ont été évaluées à la fin du premier trimestre : les compétences liées aux apprentissages cognitifs, les compétences techniques et les compétences sociales et civiques. Chaque compétences est déclinée en capacités.

Conclusion

A l’avenir, nous pourrions nous appuyer sur les capacités de nos élèves à passer d’un support à un autre : dépasser la technique pour tenter de nous approcher des compétences utiles à la compréhension des médias. En outre, le travail basé sur l’échange entre pairs prend toute sa place au CDI, qui est un lieu où la mise en oeuvre de ces pratiques pédagogiques est portée par le professeur documentaliste. D’ailleurs, l’éducation aux médias et à l’information est aujourd’hui intégrée dans les programmes disciplinaires et dans les enseignements du cycle 4. L’étude et l’analyse des objets médiatiques devient une thématique transversale à tous les professeurs, y compris les professeurs documentalistes. Dans ce contexte la radio est un outil pédagogique complet, une sorte de “couteau suisse” qui permet de déployer ce type d’apprentissages en éducation aux médias et à l’information.

1- Aline Bousquet, De l’EMI à la tranlistératie : sortir de notre littératie ?, Docspourdocs, 17 juin 2015 Dipsonible sur : http://docpourdocs.fr/spip.php?article563

2- Anne Cordier, Vincent Liquete. La translittératie, un facteur de réagencement de l’organisation scolaire ?. 19ème Colloque Bilatéral Franco-Roumain en Sciences de l’Information et de la Communication, Mar 2013, Roumanie. p., 2013.

3- Notion développée dans les travaux de recherche de Nicole Boubée. Le rôle des copiés-collés dans l’activité de recherche d’information des élèves du secondaire. Communication au Colloque ”L’´Education à la culture informationnelle”, Lille, 16-17-18 octobre 2008.
Notion développée ensuite par les travaux de Marion Carbillet et Hélène Mulot.
Marion Carbillet. Document de collecte et apprentissages info-documentaires. Congrès des enseignants documentalistes de l’éducation nationale, janvier, 2013
http://www.fadben.asso.fr/Document-de-collecte-et.html

4- Socio-constructivisme et apprentissages scolaires. - Jean-Paul Roux. Maître de conférences,.Psychologie. Université de Provence. ; http://viewppt.com/docs/dcalin__fr—fichiers—jproux__doc.html

 

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